Comment travaillent les développeuses et développeurs suisses?

mardi 16.07.2024 Jonas Felix, Christian Walter

Jonas Felix, Co-Founder letsboot.ch, und Christian Walter, Managing Partner swiss made software, steuern die Entwicklung des swiss developer survey.

Les développeurs full stack ont le vent en poupe, et Oracle décline. La dernière enquête Swiss Developer Survey montre pourquoi l’augmentation de la natalité et l’évolution des préférences parmi les personnes interrogées y sont pour quelque chose.

Le Swiss Developer Survey en est déjà à sa quatrième édition depuis 2019. Comme le temps file! En 2023, nous avons convaincu plus de 800 développeuses et développeurs suisses de participer. Tous les tranches d’âge, niveaux de formation, secteurs et tailles d’entreprise sont représentés. Cet échantillon est donc statistiquement significatif.

Les données démographiques

Comme dans les éditions précédentes, les personnes qui ont participé à l’enquête sont à nouveau, pour la plupart, âgées de 25 à 44 ans. Cela dit, le groupe des 35-44 ans a dépassé plus celui des 25-34 ans. Pour l’instant, c’est une bonne chose. Mais si la tendance se poursuit, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et le renouvellement du secteur prendront une tout autre ampleur au cours des dix prochaines années. La majorité des développeuses et développeurs se trouvent dans une nouvelle phase de leur vie, ce que l’enquête montre clairement: 40 % avaient des enfants en 2019, contre 48 % en 2023. En parallèle, leur satisfaction quant à leur emploi a légèrement augmenté ; ils et elles restent plus longtemps à leur poste. 44 % occupent le même poste depuis plus de quatre ans (en 2019, ce pourcentage s’élevait 39 %). La stabilité gagne en importance lorsqu’on a des enfants.

On obverse la même tendance en ce qui concerne les aspects financiers: parmi les éléments qui déterminent l’emploi idéal, le salaire (17 %, contre 11 % en 2019) a supplanté l’atmosphère et la culture d’entreprise. Les participantes et participants pouvaient donner plusieurs réponses ; les éléments sont donc mélangés, mais la différence est nette par rapport à 2019, puisque la rémunération occupait alors la cinquième place. Le fait que les options de retraite soient aujourd’hui plus importantes que les budgets alloués aux événements tend aussi à confirmer cette tendance.

Le nombre de personnes qui se considèrent comme développeuses full stack a clairement augmenté. En 2019, cette part s’élevait à près de 41 %, en 2023, à plus de 48 %. Cela s’explique peut-être par la tendance aux applications à page unique qui a favorisé une scission par rapport au groupe front-end il y a quelques années. Au fil du temps, de nombreuses développeuses et développeurs desktop ou mobile ont appris à utiliser le back-end, qui a énormément gagné en simplicité. Voilà – nous avons davantage de full stacks.

Le home office est légèrement en recul: moins de la moitié des répondantes et répondants travaillent encore la majeure partie du temps à domicile. En revanche, nettement plus de la moitié continue à avoir le privilège de pouvoir le faire, du moins une partie du temps.

Autre fait intéressant: les efforts faits dans l’entreprise pour augmenter les effectifs à distance depuis l’étranger ne concernent qu’une partie relativement faible des développeuses et développeurs – 4 % de manière définitive et 14 % de manière limitée.

... et les connaissances techniques

Les préférences et les outils employés

Parmi les sites web utilisés quotidiennement par les développeuses et développeurs dans leur travail, ChatGPT s’est hissé d’emblée dans le top 5. Stackoverflow, Google et Github sont toutefois encore davantage cités. En ce qui concerne les éditeurs de code source, VS Code poursuit son triomphe. Cette solution était déjà utilisée à 51 % en 2019, et elle atteint maintenant 66 %. Même si on additionne tous les dérivés d’IntelliJ (PyCharm, PH-PStorm, RubyMine, Rider, etc.), ils restent bien en dessous des 20 %. En ce qui concerne les machines de développement, Windows atteint pour la première fois une part légèrement inférieure à 50 %, et MacOS (36 %) prend un peu plus d’espace. Linux (14 %) reste très présent sur le bureau des développeurs.

Les tendances technologiques

En 2019, il était déjà clair que les développeuses et développeurs étaient plus sceptiques vis-à-vis de la blockchain que d’autres. Cette tendance s’est renforcée en 2023. En 2019, 28 % des personnes interrogées considéraient que la blockchain n’avait aucune importance ; ce chiffre est passé à 44 % en 2023.

A l’inverse, 16 % la considéraient encore comme importante en 2019, alors qu’ils ne sont plus que 9 % cette année. Cette évolution est encore plus nette si on demande aux participants et participantes à l’enquête ce qu’ils pensent de l’avenir. En 2019, 12 % seulement considéraient la blockchain comme totalement insignifiante d’ici 5 ans, contre 34 % aujourd’hui. Notons qu’en 2019, beaucoup croyaient déjà à une montée de l’IA d’ici 5 ans (plus de 50 %). Ils et elles ont changé d’avis progressivement en 2020 et 2021. Sans surprise, le vent a de nouveau tourné, et le pourcentage se situait à 50 % en 2023.

Les langages de programmation

Depuis 2019, la part d’utilisatrices et d’utilisateurs de Java a baissé de 58 % à 51 %. TypeScript est nettement plus employé (35 % en 2019, et 48 % en 2023). On constate un recul de JavaScript (74 en 2029, et 68 % en 2023). Fait intéressant, Python se maintient pratiquement au même niveau (30 % contre 31 % en 2019). Rust, un langage qui ne figurait pas encore sur la liste en 2019, atteint désormais 4 %. Cela paraît plutôt modeste quand on sait que Rust est sur toutes les lèvres dès qu’il s’agit de «nouveaux langages à la mode». Go est passé de 6 % à 9 %- probablement grâce au mouvement cloud-native qui gagne du terrain. Pendant ce temps, C et C++ sont tous deux descendus sous la barre des 10 %.

Les bases de donnée

Une tendance incroyable se dessine: Postgres. On la doit sans doute à la grande insatisfaction des utilisatrices et utilisateurs envers Oracle. On dit depuis quelques années déjà que les entreprises essaient de tout migrer loin d’Oracle. Postgres profite clairement de cette tendance. Parmi les applications plus récentes, elle ne reproduit pas seulement bien les modèles relationnels traditionnels, mais elle réunit aussi d’excellentes solutions de stockage de documents (Jsonb) et de stockage time series. D’une manière générale, on constate aussi que le top 5 des bases de données a complètement changé. En 2019, MySQL représentait 51 %, devant MSSQL (38 %), Postgres (35 %), Oracle (29 %) et SQLite (28 %). En 2023, Postgres est en tête avec 47 %, devant MySQL (37 %), SQLite (29 %), MSSQL (28 %) et MariaDB (25 %). Oracle, quant à lui, est tombé à la 8ème place et a perdu 30 % de ses utilisatrices et utilisateurs, selon l’enquête.

Les plateformes

Tout le monde parle de conteneurisation. Elle permet une livraison très précise, reproductible, extrêmement efficace et isolée des logiciels. C’est ce que montre également le Swiss Developer Survey. Ainsi, Kubernetes a pu passer de 22 % à 32 % d’utilisation depuis 2019. Docker connaît une augmentation encore plus forte, puisqu’il est passé de 48 % à 66 %. Il s’agit donc de la deuxième plateforme la plus utilisée après Linux, qui a pu supplanter Windows Server et reléguer Desktop à la 3ème place. Sachez que la participation à l’enquête s’est quelque peu équilibrée. Alors qu’en 2019, les développeuses et développeurs de PME étaient encore légèrement majoritaires, les participantes et participants se répartissent plus équitablement entre mieux entre Corporate et Small Business en 2023.

Les frameworks

Ce domaine a connu peu de changements. Node.js (53 %) et Angular (33 %) sont toujours les vainqueurs incontestés. React (de 20 % à 26 %), Vue.js (de 13 % à 17 %) et Spring (de 28 % à 31 %) ont également gagné. En revanche, .NET et .NET Core ont reculé dans le classement. Alors qu’ils étaient encore cités 309 fois en 2019, ils ne le sont plus que 224 fois en 2023. ASP.NET a quitté le top 10, mais Maven (4ème) et Gradle (6ème) ont fait un bond en avant dans la catégorie des frameworks. Notons qu’il est difficile de distinguer en permanence les frameworks des plateformes.

Pour aller plus loin

Cet article ne traite qu’une partie Swiss Developer Survey 2023, les conclusions de l’enquête vont bien au-delà. Nous offrons à chacun un accès libre à tous les résultats depuis 2019 sur notre nouvelle appli interactive.

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La 4e édition du swiss developer survey est présentée par letsboot.chitsense and biconcepts.